La filière forêt bois face au changement climatique
La filière forêt-bois constitue un atout significatif et à fort potentiel de l’économie française. Elle rassemble des activités multiples et reliées les unes aux autres, de la production du plant à la réalisation du meuble. Elle a un rôle majeur à jouer aussi bien pour permettre l’adaptation des forêts au changement climatique que pour son atténuation.
Des études ont démontré il y a une dizaine d’années que l’augmentation de la température pouvait doper la production forestière. Toutefois, cette tendance positive pourrait être suivie d’une seconde, plus négative, marquée par des dépérissements accrus suite à des stress hydriques répétés. La récolte de bois, régulière ou exceptionnelle, devrait donc augmenter dans un contexte de demande en progression pour un matériau écologique et renouvelable. D’ailleurs, certaines régions se sont comportées récemment comme des sources de carbone du fait notamment de forts dépérissements et de récoltes de crises.
L’État a élaboré une stratégie nationale bas-carbone (SNBC) dans laquelle le puits de carbone forestier tient une place importante en contribuant à l’atteinte de l’objectif de neutralité carbone de l’État à l’horizon 2050.
À long terme, la filière devra s’adapter aux nouvelles contraintes imposées par le climat : substitution d’essences, changement de productivité et de types de bois, contraintes d’exploitation (hivers plus humides, saison de végétation allongée), risques accrus d’incendie en forêt en périodes de sécheresse ou de canicule.
Au-delà des questions très médiatisées sur l’évolution des écosystèmes, la biodiversité, les aléas climatiques (tempêtes, sécheresses, attaques phytosanitaires) ou sur la gestion durable, la filière forêt-bois va avoir un rôle stratégique à jouer pour tamponner les crises à venir. Dans le cadre de la transition écologique comme énergétique, son bon fonctionnement et son dynamisme constituent un préalable à toute action forestière d’adaptation.
La filière forêt-bois a par ailleurs un rôle essentiel à jouer dans l’atténuation du changement climatique en permettant la substitution de matériaux énergivores par un matériau bois renouvelable, peu polluant et stockeur de carbone.
Il faut pour cela que la filière forêt-bois parvienne à surmonter les périodes difficiles et à rester souple, active et diversifiée, en étant associée en continu aux réflexions sur l’adaptation des forêts au changement climatique.
Compenser les émissions anthropiques de CO2
La filière forêt bois française contribue à l’atténuation du changement climatique via différents leviers :
- La Séquestration de carbone dans la biomasse forestière.
- La Séquestration de carbone dans les sols forestiers.
- Le Stockage de carbone dans les produits bois issus de forêts gérées durablement.
- La Substitution à des matériaux énergivores (aluminium, acier, béton, PVC, ...) dans la construction.
- La Substitution aux énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz, ...).
La prise en compte intégrée de ces 5 composantes (les 5 « S ») du bilan carbone (en cherchant la synergie, bien que des arbitrages soient parfois nécessaires) est primordiale pour évaluer l’atténuation du changement climatique par la forêt. Des effets biophysiques du couvert forestier (albédo, flux de chaleur liés à l’évapotranspiration) jouent également un rôle sur le climat local que des projets de recherche en cours visent à mieux quantifier.
Les forêts sont par conséquent des acteurs majeurs pour lutter contre le changement climatique et atteindre notamment la neutralité carbone de la France à horizon 2050.
Financement de la contribution carbone
Les atouts de la filière forestière en termes d’atténuation du changement climatique permettent de lever des financements pour des opérations forestières vertueuses en termes de bilan carbone.
Le label Bas-Carbone (agréé par le ministère de la Transition écologique et solidaire fin 2018) offre ainsi un cadre permettant aux entreprises ou aux collectivités de contribuer volontairement dans des projets positifs pour le climat, en lien notamment avec leurs émissions de CO2 difficilement réductibles ; ceci constitue une grande avancée : les projets de contribution carbone en forêt disposeront enfin de critères de qualité garantissant leur crédibilité : additionnalité, risque de non permanence, quantification carbone, suivi et traçabilité, qui permettent d’attirer des financements pour la réalisation d’actions forestières vertueuses pour l’atténuation du changement climatique
Les méthodes de boisement, reconstitution de peuplements forestiers dégradés (post-tempête, post-incendie ou post-dépérissement intense) et conversion de taillis bien venants en futaie sur souches rédigées par le CNPF sont les premières annexées au label. Elles pourraient ouvrir la voie à d’autres techniques sylvicoles vertueuses pour le carbone telles que l’évitement de coupes rases, les enrichissements, la sylviculture préventive au risque d’incendie….
Le Club Climat-Forêt-Bois
Le Club Carbone-Forêt-Bois est un club de recherche, créé en 2010 à l’initiative de plusieurs acteurs forestiers : I4CE, Forêt Privée Française, ONF, ASFFOR, Société forestière de la Caisse des Dépôts, Sysso, FCBA.
Il a pour objectif de mutualiser les connaissances sur les moyens techniques et économiques pour développer et valoriser le rôle de la filière forêt-bois dans la lutte contre le changement climatique. Il est à l’origine de la création du projet de référentiel national de certification carbone (label Bas-Carbone) et s’adresse à toutes les entités qui s’intéressent au sujet de la forêt et du changement climatique.
Le Club Carbone-Forêt-Bois rassemble aujourd’hui une trentaine d’institutions, des représentants de la filière forêt-bois aux collectivités territoriales, en passant par les entreprises privées (industriels, acteurs de la compensation carbone…) et les administrations publiques.